Solwan : L' hymne à la liberté

«SOLWAN» est un mélodrame en arabe tunisien qui dure 90minutes, créé en janvier 2015 par la comédienne et dramaturge tunisienne Leila Toubel et présenté pour la première fois à El Teatro, à Tunis, en Tunisie. Leila Toubel, la militante et l'Artiste jusqu'au bout des ongles, a donné une pièce de théâtre exceptionnelle bien servie par la qualité où elle brosse le portrait d’une femme de 40 ans, qui, suite à un choc émotionnel, a été frappée par des troubles d’amnésie.

Par la qualité de sa prestation , Leila Toubel arrive de nulle part drapée dans une robe de mariée trainant sur une traine un coffre sans relief.. dans son intérieur qui n’a pas de fond, un espace qui lui est complètement étrange et traînant derrière elle un coffre de souvenirs qui ne la mènera nulle part .Elle entame un monologue apaisé et résigné , où elle se trouve perdue sur scène, entourée par ses souvenirs et ses émotions .

Son amnésie cachera des histoires avec du son assourdissant, des images bouleversantes et des couleurs tantôt cruelles, tantôt tendres d’espoir et de beauté en parlant de la réalité politico-sociale tunisienne. Assaillie d'images et d'histoires (elle se remémore notamment l'assassinat de Chokri Belaïd) la scène revêt alors le ton de l'hommage aux martyrs de la révolution tunisienne et à la patrie. Elle finit, submergée de douleur, par boire de l'eau de Solwen pour se calmer. La révolution de janvier 2011 pour le renforcement de la démocratie en Tunisie trouve dans la dernière création de l'auteure et la comédienne un écho de ses propres interrogations et préoccupations. :" Je parle d'une période précise de 2011 à 2014 " affirme-elle.

Dans un contexte morose, marqué par la montée du terrorisme , la crise économique et la désespoir social , la comédienne lance un message d'espoir avec le statut de la femme tunisienne battante veillante et toujours debout comme Leila Toubel elle-même . Elle défend des acquis sociaux, notamment les droits des femmes à travers la scène de Je suis une femme pour laquelle l'actrice se pare d'un déshabillé rouge , une ode à la femme et un réquisitoire contre les idéaux rétrogrades . Durant la scène de La dernière dance.. L'actrice énumère tout ses souvenirs tout en pressentant sa mort imminente. Décrivant le cortège funèbre de son propre corps qui sort de sa maison, elle se voit également dans le couloir de la mort d'une condamnée ; elle se demande alors si tout ses souvenirs sont vraiment les siens. Se sentant mourir, l'actrice entame un épilogue pour rappeler, sous forme d’énumération, que la Tunisie, dans ce qu'elle possède de plus beau, appartient à tous les Tunisiens.

Après un prologue à la fin duquel l'instigatrice supplie le public de lui donner un nom, s'ensuit un texte de remerciements au ton ironique. Dans la scène suivante, une minute de silence. Les deux scènes qui suivent sont empreintes d'un humour caustique. Leila Toubel y dépeint la société tunisienne tout en la critiquant et l'interrogeant à travers des références d'actualités. Elle enjoint finalement, dans la scène qui suit, le public à rêver tout en faisant la critique de ce qui empêche, selon elle, de rêver en Tunisie. Sur un ton pessimiste, l'instigatrice termine en buvant toute la bouteille de Solwen, pour cette fois oublier qu'il lui est impossible de rêver.

Avec son jeu d'acteurs impressionnant de force et de justesse elle a aussi évoqué, avec humour et ironie, des hypocrisies , le retour des vielles habitudes. Une oeuvre sombre mais profonde alternant humour et poésie ,cris et silences ,joie et désespoirs, portée par une comédienne au sommet de son art et qui a su le dépenser sur scéne , physiquement et mentalement.

Solwan ou Olvido en français , c’est " l’histoire qui n’a pas d’histoire mais qui appartient à tous les humains…c’est un cri de cœur, un hurlement insolent pour que vive une mère patrie debout. " C’est ainsi que Leila Toubel présente son spectacle Solwen ou Olvido

les sources :

1: https://femmesdetunisie.com/on-a-regarde-solwen-de-leila-toubel/

2: http://kapitalis.com/tunisie/2016/05/23/leila-toubel-presente-solwen-a-paris-cris-et-chuchotements/