Poésie engagée : La poésie d'Ouled Ahmed
- Teycir Arjoun
- 12 juin 2020
- 4 min de lecture
Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed est l'une des voix poétiques majeures en Tunisie et dans le monde arabes. Ayant vécu entre le 4 avril 1955 et le 5 avril 2016. Il est ntellectuel de gauche ayant milité contre la dictature politique et l’extrémisme religieux. Le poéte Tunisien était un fervent défenseur des libertés individuelles, de la femme et des idées modernistes et progressistes. Il fait un parcours exceptionnel avec ses recueils qui témoignent de son amour pour la patrie et la défense des causes justes. Né a Sidi Bouzid dans un milieu socialement défavorisé à une époque qui précède l'indépendance ainsi que La pauvreté et la marginalisatio de sa région natale sous les régimes successifs de Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali ont fait de Ouled Ahmed un poéte révolté depuis son jeune âge .
Son premier recueil de poésie est sorti en 1974 et est marqué par le ton révolutionnaire. Marqué par les années noires de la Tunisie, il est interdit de diffusion et reste censuré jusqu'en 1981. il était interdit de publier sous le régime de la censure et s'est arrété en 1985, dans la vague de persécutions qui suit les émeutes du pain, alors qu'il participe à un sit-in de soutien à l'Union générale tunisienne du travail et une autre fois en 1987 pour ivresse publique et manifeste. Il fait l'objet de multiples persécutions pour ses opinions, ce qui l'oblige à quitter la Tunisie .

En 1989, profitant de l'état de grâce qui suit l'accession au pouvoir du président Ben Ali, il publie son deuxième recueil intitulé "Mais je suis Ahmed " puis crée en 1993 «la maison de la poésie» . Ses poèmes sont connus en Tunisie comme dans le reste du monde arabe. Hymne à l'amour de la patrie, il est mis en musique par divers compositeurs dont les Tunisiens Mohamed Bhar pour lui-même, Mohamed Mejri pour Sofia Sadek et Ilyes Yassine pour lui-même, ainsi que le Syrien Mohannad Nasr pour Faia Younan .
L'amour a aussi sa place dans les écrits de ce poète "Viens" est l'un de ses poèmes d’achoug qui exhortent autant qu'ils tentent la femme désirée .
Viens... Ou que le songe t’amène
Viens... Je suis la lèvre interdite
Pose ma joue sur les tiennes une année
Et dors... Nous n’aurons plus de parole
Je suis le visionnaire... Et mes chemins sont trois
Devant ou devant ou devant
Ces poémes deviennet l'hymne des féministes, ou des femmes tout simplement. On l'entonne en chœur chaque fois que les acquis de la femme tunisienne appellent une mobilisation de rue En Tunisie . Jamel Guenna met en musique son poème pour le duo "Oyoun Al Kalam " composé d'Amel Hamrouni et Khemaïes Bahri.
Bien des années avant la révolution tunisienne de 2011, sa poésie prophétisait l'avènement du soulèvement qui mettrait fin à la dictature.«Nous aimons le pays comme personne ne peut l’aimer» est l'hymne de l'amour éternel du pays , l’esprit de liberté et de révolte de toute une génération successivement .Ce poéme est mis en musique par divers compositeurs et chanté par plusieurs chanteurs tel que la syrienne Faya Younen .
Après la victoire des islamistes d'Ennahdha à l'élection du 23 octobre 2011, Ouled Ahmed traduit ses déboires à travers de nombreux écrits comme "le mauvais garçon qui boit" ou il s'attaque à l'obscurantisme et au discours du takfirisme vouant à l'enfer des islamiste,s ce qui lui a valu a son retour d'être combattu par les adeptes de l'Islam politique et même menacé de mort dans plusieurs reprises . Ces derniers l'ont combattu de son vivant mais aussi après sa mort , en s'attaquant à sa mémoire de l'Homme libre et rebelle , tant ses mots acérés dérangent les ennemis de la beauté , de la lumiére et de la raison .
Jamais
Je n’ai de problème
Après dix bouteilles vertes
Dont je ferai les bases de ma cité parfaite
Et nommerai mon commensal à sa tête
Puis ma poésie dictera sa loi
Je ramènerai les soldats à leur devoir sentimental
Et m’en irai
À mon verre oublié
Quand je serai mort
Seuls auront marché derrière moi ma plume
Mes chaussures
Et le rêve des bourreaux
Mohammed Sghaeir Ouled Ahmed est parti à l’âge de 61 ans, après une longue lutte contre la maladie, y compris aux moments où son état de santé empire Ouled Ahmed ne dépose cependant pas la plume, son arme de combat. Tantôt il semble prendre son mal en patience, déclarant "J’ai perdu tous mes cheveux, mais je garde toute ma poésie, et je vaincrai cette futile maladie" . Tantôt, perdant tout espoir de guérison, il annonce son" inéluctable fin ". L'un de ses derniers textes, marqué par l'anaphore, traduit les âffres de la mort qui le hantent.
Après sa mort, la délégation régionale pour les Affaires culturelles et de la municipalité de Sidi Bouzid ont créé le prix international d'Ouled Ahmed un hommage à sa poésie et pour qu'elle soit un vecteur pour la création poétique future.
Les sources :
Comments