Le graffiti En Tunisie : Du vandalisme à la création artistique engagée
- Teycir Arjoun
- 5 juin 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 juin 2020
Le graffiti en Tunisie a été toujours considéré comme un art illégal et lourdement sanctionné par les lois. Le fait de produire des œuvres dans des lieux publics est reconnu comme un acte illégal. C’est un art anti-conformiste, sans règles ni lois et les gens percevaient cet art comme du vandalisme plutôt qu’un art à part entière.
Malgré le fait qu’avant la révolution Tunisienne en 2011, le Graffiti était limité aux jeunes des groupes ultras dans une logique de concurrence entre les supporters des différentes équipes de foot ( EST , ESS , CA .. ) et les graffeurs Tunisiens étaient souvent interpellés par la police et étaient parfois même poursuivis en justice.
Et après la révolution Tunisienne qui a boosté les créations artistiques, a facilité le travail des artistes et qui a marqué la naissance d'un mouvement des graffitis en guise de porte voix, on entre dans la partie politique des œuvres qui deviennent subjectives

Aujourd'hui, les murs Tunisiens servent des causes à la fois politiques et sociales et révèlent des vérités qui dérangent. Citons dans ce contexte l'exemple de Dalanda Louati, qui avait usé du graffiti pour attirer l’attention sur une cause. Artiste et chercheuse à l’institut supérieur des arts et métiers de Sfax, elle avait été arrêtée (puis libérée) en janvier 2016 pour avoir tagué une arme sur le mur de la Société industrielle d’acide phosphorique et d’engrais (Siape) pointée dans le sens de la cheminée de l’usine, en réaction à la pollution dont souffre sa région.

Dalinda Louati, L'usine de la mort, graffiti,10 janvier 2016, Mur de la SIAPE, Sfax
Cet art mouvant et éphémère vit à la vue de tous, accessible aux petits ou grands, riches ou pauvres, Tunisiens ou étrangers, grâce au vent de la liberté, les rues sont devenues des galeries. Voici une oeuvre purement et simplement pacifiste qui rend hommage au célèbre personnage publique Chokri Bélaïd, une figure de l'opposition de gauche qui a été assassiné le 6 février 2013 :

Aujourd'hui le street art envahit les rues et séduit les passants. Teintés de colère, d'ironie, d'humour ou parfois de poésie et même de slogans révolutionnaires. Une preuve de reconnaissance envers cet art qui n'est pas dangereux mais dérangeant. Il se trouve bien présent contre le chômage, la marginalisation et le retour de la dictature. Comme on voit dans cette œuvre où on voit un seul mot " libre" qui semble écrit en rouge et en gras par un homme tourné vers le mur. Un graffiti simple mais tellement parlant.

Le graffiti est présent partout en Tunisie, dans les arrêts du train dans, les banlieues, dans les cités huppés et les quartiers populaires, toujours présents pour une Tunisie libre et débordante de créativité. Et malgré son caractère un peu sauvage, cet art est considéré comme un art engagé, un arme utilisée par des jeunes artistes urbains pour embellir les rues qui étaient sales et blancs, là ou il n'y a aucune images à part la publicité.
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