Emel Mathlouthi : Un cri de Liberté
- Teycir Arjoun
- 11 mai 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 juin 2020
Emel Mathlouthi, née le 11 janvier 1982 à Tunis, est une chanteuse, auteure-compositrice et productrice de musique tunisienne qui a commencé à chanter depuis son jeune âge sans avoir le droit de chanter dans les concerts ou passer ses chansons dans les radios et les chaînes de télé sous le régime de l'ancien président déchu, Zine El-Abidine Ben Ali.

En 2011, elle devient le visage de la révolution tunisienne grâce à sa chanson « Kelmti horra » (Ma parole est libre), chantée au milieu des manifestations. Cette chanson est parfois présentée comme l'hymne de ce moment qui a déclenché le Printemps arabe.
Et puis l'artiste a développé, son univers singulier avec sa chanson engagée Dhalem (Tyran), chantée sur la place Habib Bourguiba où les Tunisiens ont affulé en masse pour rendre Hommage aux morts de la révoltutions: " O Tyran ! Tue moi, j'écrirai des chansons, blesse moi, je chanterai des histoires."
Et en mars 2013, sous le choc de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, elle écrit "Ma Katlou Had" signifiant en arabe (Personne ne l'a tué). Un message fort et conscient qu’elle porte à présent vers tous les horizons du monde.
Emel Mathlouthi extériorisait son refus et sa frustration en anglais, parfois en français et en arabe ce qui donne à ses chansons leur dimension universelle..Elle s'engage pour les libertés individuelles, les droits de l'Homme et les droits des femmes à travers ses morceaux teintés de rock. Elle disait: " On y chante la mère, la patrie, l’immigration, l’amour, la pauvreté. "
En 2013, cette frêle jeune femme brune est invitée par la compositrice iranienne Sara Najafi à participer à l'opéra de Téhéran au concert No Land's Song pour la première fois depuis la Révolution iranienne de 1979. Des femmes se produisent sur scène pour dénoncer l'absurdité d'une loi qui leur interdit de chanter si elles ne sont pas accompagnées d'un homme. Et En décembre 2015, la chanteuse avait été conviée à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix à Oslo en décembre 2015 au Quartet du dialogue national.

Son deuxiéme album "Ensen" publié en 2017 semble d’ailleurs construit sur un contraste vif entre sa voix qui symbolise la pureté, la force et l’espoir, et les paroles qui décrivent le tourment, la tentation et le danger.
" Je voulais faire une musique presque cinématographique, avec une bonne dose de mélancolie, mais avec l'énergie du rock et l'engagement politique des songwriters" dit-elle a Point Afrique Culture
Chargée d’une histoire forte, la militante Mathlouthi transmet son énergie à un public lors de concerts en solo, et prend part à des rassemblements, des manifestations, en mixant des influences électroniques, rock, symphoniques, populaires et folkloriques, elle façonne son propre univers musical, onirique et visionnaire.
En 2019, elle reçoit le prix Khalil Gibran Spirit of Humanity awards , qui récompense chaque année des personnalités artistiques à travers le monde, défendant des valeurs humanistes à travers leur art aux États-Unis .

Puis, l'ancienne voix de la révolution du Jasmin a lancé son troisième album "Everywhere We Looked Was Burning" en anglais et en arabe, sur une musique onirique qui prend l'auditeur vers un autre monde de rêve et d'imagination et se mêle à la profondeur des chants berbères et à la chaleur des rythmes nord-africains.
Le chemin d'artiste, escarpé et exigeant, qu'a choisi de suivre Emel Mathlouthi apporte à chaque fois son étonnement devant sa capacité à toujours se renouveler sans se répéter et oublier que l'art engagé ne doit pas perdre sa valeur esthétique.

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